François, c’est encore moi

Je sais, j’ai déjà écrit ma lettre à François. Et d’avance je te prie de me pardonne de me servir à nouveau d’un bouc émissaire pour mon petit courrier. Aileza, je te présente mes plus sincères excuses également.
Mais voilà, après les récents évènements, je crois que comme bon nombre d’entre nous, j’ai eu des tas de choses à dire. Mais je ne l’ai pas fait (ou du moins pas autant que certain, pas autant que tout ce que ma tête a envie de dire et ma gorge de crier). J’ai écrit des choses, dans des brouillons, beaucoup de choses, qui partent dans tous les sens, et je me suis dit que non, je n’allais pas publier ça. D’abord, d’autre l’ont fait bien mieux que moi. Ensuite, parce que c’est beaucoup trop personnel, parfois beaucoup trop colérique, ou encore trop triste.

Puis j’ai pensé à la lettre à François. Je me suis dit que je pourrais bien lui en écrire une, encore une fois, ou tout du moins un autre François, histoire de partager ma pensée. Alors, voilà une nouvelle lettre, cette fois-ci pour toi, François, Emissaire de la Terreur.

Cher François,

Je t’écris, même si je sais que tu dois sûrement être analphabète (et surtout bête), parce que j’ai besoin de cet exercice pour te dire que je ne te comprends pas. Je ne comprends vraiment pas. J’ai retourné le problème, la question, dans ma tête des milliers de fois depuis ce triste vendredi noir, et toujours cette même question qui me revient : pourquoi t’as fait ça ? Bordel, t’as déconné mec. J’essaie de comprendre pourtant, mais je ne trouve rien. Puis tu vois, y’a pas longtemps Davy Mourier a partagé une chanson de The Wriggles « Petit bonhomme » sur mon Facebook et là ça m’a carrément donné envie de pleurer (comme si j’avais besoin de ça dernièrement). Qu’est ce qui s’est passé dans ta triste vie pour que tu finisses comme ça, à croire que cet acte-là te rapprocherai plus de ton idéal, à croire que braquer tes armes sur des gens innocents et désarmé allait te donner raison ?

Je repense au petit garçon ou la petite fille que tu as été un jour, pas forcément si lointain que ça. Quand t’étais petit, t’avais pas des idéaux ? Tu ne te prenais pas pour ton super héros préféré ? Toi aussi, sûrement que tu jouais avec tes camarades, que tu vivais ta vie, rêvais de quand tu serai grande. Tu te doutais pas à cette époque que t’allais partir en c*uilles et tuer des tas de gens au nom de qui, de quoi ? Quand est-ce que t’as pris la mauvaise pente ? Quand est-ce que t’as choisi le mauvais chemin ? Quand est-ce que t’as croisé la mauvaise personne ?

Je pense que tu as manqué d’amour, et que tu es devenu un faiblard, pour avoir cru les paroles, les idées, de gens malintentionné, qui t’ont abreuvé de discours de merde, de haine. Parce que je pense que l’on naisse tous égaux, mais que ce sont nos choix (bons ou mauvais) qui nous font devenir les adultes (ou jeune adulte dans ton cas) que nous serons. T’étais pas prédestiné à ça merde, t’as tout gâché et maintenant tu fais honte à tellement de gens…
Comment t’as pu y croire une seule seconde ? Quand faisant ça t’aller aller dans un monde meilleur, être récompensé par ton Divin Dieu pour l’avoir sali ? T’es franchement con quand même…
Et t’es parti t’enrôler pour faire une guerre de merde, contre des moulins à vent, tel le Don Quichotte des pays du Maghreb. Non je retire ce que je viens de dire, t’es pas à la hauteur de Don Quichotte : lui c’était un rêveur, toi t’es juste un pauvre imbécile ignare.

C’est peut être ton manque d’éducation qui t’as conduit à faire n’importe quoi. On le sait tous, la connaissance est la clé de bien des portes. Toi, les portes tu les défonces, tu t’en fous d’être éduqué ou non, t’as qu’une idée fixe en tête, qui t’as rendu drôlement bête.

Alors quoi, t’as pensé donc que comme nous autres, les Français, et tous les autres gens du monde, qui ne pensent pas comme toi, nous avons forcément tort, nous sommes des mécréants, et nous méritons ton courroux ? Allez, sois sérieux 2 minutes, tu ne peux pas penser ça, pense au petit garçon qui jouait petit avec un simple bâton et imaginait que c’était un sceptre magique qui pouvait transformer les arbres feuillu en distributeur de bonbons. Comment ça t’as jamais imaginé ça ? Putain ton enfance devait être drôlement triste.

Tu vas pas me faire croire qu’à 6 ans tu te voyais déjà avec ton arme d’une main, un livre Saint dans l’autre, et une ceinture autour de la taille pas abdominale à crier des conneries et faire du mal autour de toi. Aucun enfant ne pense ça. Jamais. Je crois d’ailleurs que ça ne leur effleure même pas l’esprit. Alors pourquoi ça aurait effleuré le tiens…

Tu sais François, j’ai un petit garçon de 6 ans, il va à l’école, il s’éduque. A cause de toi, il doit vivre dans un monde où on parle d’attentat, de danger, de prudence, de guerre. Il ne comprend pas, c’est normal, lui il s’éduque, il s’arme doucement mais sûrement pour lutter contre toi. Et tu sais, je ne m’inquiète pas pour lui, il a un petit cerveau qui carbure, je sais qu’il saura s’armer et résister contre ton arme.

Ton arme à toi, c’est pas tes balles, c’est pas tes bombes, c’est la Terreur. Vendredi soir, je te l’accorde, tu nous a eu. Tu nous as fait peur. T’as eu l’effet de surprise pour toi, tu sais comme quand j’attends mon fils à la porte des toilettes et que je lui fais peur quand il en sort (ouais je sais c’est limite s’il se fait pas pipi dessus, mais comme il sort des toilettes ça devrait pas se produire en théorie, non ?).

Cependant, je te calme tout de suite, la peur c’est éphémère. Y’a le chagrin, l’incompréhension qui suit, et tu sais ce qu’il y a après ? La colère.

Toi tu ne connais pas la France en colère ça se voit. Les français sont des champions de la colère, c’est sur all over the world, même toi dans ton studio minable ou dans ta grotte tu le sais ; ils font des grèves, ça fout le bordel, ils brûlent des voitures, cassent des superettes, font des manifs et immobilisent les rues. Tu seras bien emmerdé maintenant, quand t’auras ta Twingo de cramée, et que tu devras aller disperser ta terreur en velib’ faute de métro (bah oui y’a la grève !) mais que tu ne pourras même pas rouler parce que y’aura blocus dans la rue. A tous les coups tu vas finir piétiné par la cohue. Tu ne mériteras pas mieux que ça entre nous. Encore que nous, ça va déguelasser nos godasses, et la météo de ces derniers jours s’en charge déjà assez bien.

Nous reprenons nos esprits, doucement, nous réalisons l’ampleur des dégâts, nous mesurons la peine immense que tu as faites à toutes ces gens qui ne méritaient pas ça, la peur s’efface peu à peu, et je repense encore au petit garçon que tu étais, si seulement il avait su de quoi il salirait ses propres mains plus tard, quelle honte il aurait ressenti, quel chagrin il aurait éprouvé…

Il était porteur d’espoir, comme chaque enfant de ce monde, toi tu as tué l’enfant en toi pour devenir un meurtrier au nom d’une idéologie merdique, en salissant ton peuple, en salissant une religion à laquelle tu n’appartiens pas. Quelle tristesse…

Aujourd’hui, je suis triste pour tous ces gens qui ont payé le prix fort de ta connerie sans limite (ta connerie c’est un peu vers l’infini et l’au-delà), tous ces orphelins, tous ces survivants, tous ces dommages collatéraux. Mais je suis aussi triste pour l’enfant que tu étais, pour le gâchis que tu as fait. La vie si précieuse que l’on t’avait offert, ta propre famille, ton Dieu si ça te fait plaisir, bref, cette vie qui n’a pas de prix, et que tu as utilisée et usée de manière si abjecte, comme un rouleau de PQ dont on se sert et qu’on jette.
Rah là d’un coup j’ai envie de te jeter le contenu de pots de chambre à la gueule et des épluchures de pommes [ah non ça je les gardes j’en fait des chips) ou des couches moisies pleines de caca en criant « Shame ! Shame ! Shame ! »… Quoi tu ne comprends pas la référence à Game of Thrones ? Ah j’oubliais que t’étais trop occupé à lire un livre sacré dont tu n’as visiblement rien retenu. Ah mais tu sais pas lire. T’as jamais tenté de te procurer le Coran illustré pour les nuls ? C’est peut être ça ton problème en fait rolala !

Bref…

En fait, la bataille n’a même pas commencé que tu l’as déjà perdu. Regarde, on est encore là, on est encore vivant, des fois on a peur, et des fois qu’est-ce qu’on s’marre de nos propres conneries. Tu vois, j’écris ce texte à la fois léger et pourtant si important pour moi, et je rigole en lisant des sms que je reçois en parallèle d’un ami qui a toujours su me faire rire même en ces temps si troubles…. Tu l’crois ça ? On s’était dit d’ailleurs qu’on pourrait se servir de cochon domestique pour se défendre de ta bêtise, on l’appellerai Babe, et on lui mettrai autour du cou un petit bidon plein de rhum (il me dit que c’est un peu comme l’eau bénite sur les vampires), et autour de la taille une ceinture de sauciflard. T’en pense quoi ? Bon moi sur le coup je trouvais que c’était une idée de génie, puis je me suis dit que ça me ferait quand même chier parce que je ne voudrai pas que mes amis et ma famille de confession musulmane ne puissent plus venir à cause de Babe. Mais t’inquiète on planche sur d’autres idées.

Y’a de la souffrance en nous aujourd’hui, oui, mais y’a surtout et encore la vie qui continue, Paris qui reste toujours debout, Paris qui respire encore, qui a souffert, qui a eu mal, mais et après ? On s’est déjà relevés, t’as rien vu venir, c’est tout. Tu t’attendais peut être à ce qu’on vive cloîtrés chez nous, terrorisés par le méchant que tu es. Raté. Bon ok, j’avais pas le choix lundi d’aller prendre le métro, faut bien que je gagne ma vie, j’avais ma formation à assurer tout ça, mais quand même, je ne peux pas rester chez moi et ne rien fait sauf pleurer non plus.

On va toujours au restaurant, on va toujours au cinéma, on va toujours sur les terrasses, on est des pros de l’apéro, on va pas arrêter de picoler parce que tu nous fais peur. Puis si tu nous fais peur, il faut bien boire pour oublier. Quel cercle vicieux j’te jure. Moi qui me disait que je devais faire moins souvent l’apéro, que ce n’était pas raisonnable, borde t’as tout foutu en l’air !

La vie est comme avant tout ça, le soleil se lève tous les matins, et la nuit rattrape le jour comme chaque soir. Nos routines n’ont pas changés, et si tu as fait mal dans l’individualité des vies des gens, tu n’as fait qu’effleurer le collectif. On est intouchable, trop nombreux pour toi, trop unit, encore plus grâce à toi. T’as encore le temps de changer ta vie, et de troquer des armes contre notre clémence et des shamallow. On va peut-être pas te proposer de partager l’apéro, mais on te bottera le cul très fort promis. Enfin, juste assez pour que tu gardes l’empreinte de nos milliers de bottes crottées et que t’atterrisse sur Mars avec Matt. Il a besoin de compagnie le pauvre. Enfin quelle compagnie de merde au final. Il rentrera plus vite sur Terre comme ça.

Bon François, j’te laisse, c’est pas tout ça mais il faut que j’y aille. J’ai une superbe après-midi qui s’annonce, malgré ce temps moisi (la météo pleurerai-t-elle cette triste journée ?) je vais aller voir les coulisses du cirque Alexis Gruss, je vais prendre l’apéro, puis je vais voir le spectacle avec mon p’tit bonhomme, mon rayon de soleil, mon avenir. Tu vois, je l’éduque pour faire de lui quelqu’un de bien, et lui permettre de ne jamais prendre le mauvais chemin que tu as choisi dans ta sombre bêtise et totale ignorance.

Je souhaite à tous les enfants de cette petite planète bleue, d’être entourés de gens bienveillants, et que plus jamais personne ne les laisse se tromper, et commettre l’irréparable. Je sais que ça sonne utopique, mais j’ai envie d’y croire. Je souhaite ne plus jamais à avoir à expliquer à mon mini-moi ce que sont des attentats, ni lui dire que des gens sont morts pour rien. Plus jamais.

Salut François, salut petit bonhomme, et je ne te dis pas à bientôt, j’espère ne jamais te revoir.

Cette longue lettre est ma  seconde participation aux apéros cosmiques, et notamment l’after, organisé par Aileza.

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Et pour finir, je partage avec toi la chanson qui m’a inspirée, Petit Bonhomme des Wriggles.

 

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