[Théâtre] « Les trois derniers jours d’un facteur poilu » de Gérard Pirodeau

Enterrés vivants, au fond d’une tranchée un samedi 9 novembre 1918.
Mais Roger et Théodore ne sont pas conscients de l’ironie du sort.

L’un facteur, est blessé à la jambe, l’autre, illettré est aveugle depuis qu’il s’est fait gazer.
Ensemble, ils vont essayer de survivre. Prisonniers quelque part sous terre. Enterrés vivants… Mais pour combien de temps?

Gérard Pirodeau raconte ces hommes qu’on pousse au crime, qu’on envoie à l’abattoir à qui on apprend le mensonge, la trahison et la mort.
Au fil des heures qui s’échappent, les deux condamnés s’épaulent comme ils peuvent, déchirés entre leur vie d’avant et la réalité de la guerre : la souffrance, la solitude, la censure du courrier, l’exécution des déserteurs, les vains sacrifices. Un huis clos étouffant, cruel et humaniste à la fois. 

Feuilles

Lundi 26 octobre, je me rendais pour la seconde fois au Théâtre Marie Bell pour voir une pièce de théâtre, cette fois-ci celle pour laquelle je m’étais déplacée le lundi précédent et m’était retrouvée par un drôle de hasard dans la salle du spectacle de Giorgio.

Se déroulant dans le Studio Marie Bell, une petite salle très intimiste, nous avons assisté à une pièce d’une heure reprenant les derniers jours de deux inconnus que tout sépare. Enfermés sous terre, dans une tranchée suite à un éboulement, ils attendent la fin, leur fin, se sachant condamnés. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’au dessus d’eux, la guerre prend fin, les canons se taisent, les soldats rentrent chez eux, triste ironie.

Dans leur dialogue, plein d’humanité, reviennent des questions existentielles : pourquoi, pour qui ou encore contre qui se battre, les espoirs déçus, la vie que l’on aura plus, ceux qui nous aiment et nous attendent mais que l’on espère plus. Le facteur rédige ses dernières heures dans son ultime lettre, et lit à son compagnon d’infortune son courrier reçu depuis qu’il est parti au front, et qu’il n’a jamais ouvert, ne sachant pas lire. Il apprend, bien des mois plus tard, les nouvelles, les bonnes comme les mauvaises, de ceux qui lui sont chers, et c’est un flot d’émotion qui se transmet de l’un à l’autre, jusqu’à nous. Ils s’épaulent dans ce huis clos, à l’abris des regards, des jugements, et se confit dans un ultime dialogue. Tantôt des rires, tantôt des pleurs, tantôt des chansons gaies, ou tristes, accompagnées par un accordéon, et les minutes qui s’égrènent jusqu’à ce que la lumière s’éteigne.

J’ai trouvé cette pièce d’une pudeur et d’une authenticité vraiment touchante. Les deux acteurs portent sur eux le fardeaux de leur personnage, leur souffrance, avec beaucoup de talent et d’émotion.

Les trois derniers jours d’un facteur poilu est une pièce qui mérite d’être vécue, car il s’agit bien de la vivre. Un grand bravo aux deux comédiens Alexis Smolen et Kevyn Diana pour leur interprétation et leur justesse, et merci à Xavier pour cette émouvante découverte. Je crois pouvoir dire que si j’apprécie le théâtre, je l’apprécie encore plus quand il s’agit d’une telle découverte, et dans un cadre aussi intimiste que celui-ci, créant la proximité avec les acteurs.


Alexis Smolen & Kevyn Diana

Feuilles

Les trois derniers jours d’un facteur poilu
Une pièce de Gérard Pirodeau
avec Alexis Smolen et Kevyn Diana

Au Théâtre du Gymnase – Salle : Studio Marie Bell (Métro ligne 9 : Bonne Nouvelle)
Tout les Dimanches et Lundis
Horaires : 18h00 – 20h00 (durée 1h)

TARIF
Plein tarif = 25 €
Tarif réduit  = 20 €
Tarif enfant = 10 € (mais entre nous, ça n’est pas pour les enfants ;) )

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