Lors d’une grossesse, on se prépare à la venue de bébé pendant les 9 mois d’attente. Vers la fin, on se prépare à l’accouchement, quoi de plus logique…
Comme toutes les futures mamans, je me suis préparée à l’accouchement avec mon fiancé. Mais au final, pour des tas de raisons que je n’évoquerai pas, une césarienne s’est imposée comme option la plus sûre pour mon accouchement.
Rien de grave, mais une décision qui, au moment où elle a été actée, m’a semblé la meilleure. Aujourd’hui, avec un peu de recul, je réalise que si j’avais su tout ce que cela impliquait, alors j’aurai sûrement refusé cette option, préférant miser sur la possibilité que la petite finisse par venir d’elle-même, ou qu’un déclenchement puisse fonctionner.
La césarienne, cet acte chirurgical, est aujourd’hui de plus en plus banalisé. Si avant cette dernière n’était proposée que dans le cas d’accouchement d’urgence ou encore de bébé se présentant en siège, ou trop gros pour un bassin trop étroit, on a de plus en plus de césariennes de confort qui sont exercée.
Choix de la patiente et/ou du praticien, facilité pour les uns ou les autres, le fait est que cela se « démocratise » et qu’aujourd’hui, beaucoup semble penser que la césarienne, ça n’est rien.
Et pour être totalement franche, je le pensais aussi.
Alors bien sûr, je n’ai jamais pour autant voulu de césarienne, et si j’avais pu avoir le choix ou la certitude qu’attendre encore quelque jours aurait pu m’amener à accoucher par voie basse, comme pour mon Mini-geek, je l’aurai fait.
Et surtout, surtout, si j’avais su tout ce qu’une césarienne implique, alors j’aurai refusé autant que possible tant que cela ne mettait pas en danger mon bébé ou ma santé. Catégoriquement.
J’aurai aimé savoir que j’allais vivre ma césarienne seule
Mon conjoint fraîchement devenu mon fiancé, n’a pas été autorisé à venir en salle opératoire avec moi. Cela peut paraître idiot pour certain, de voir que j’ai cru cela possible. Pourtant, dans des émissions telles que Baby Blues, il n’est pas rare de voir le conjoint être derrière le champs stérile auprès de sa compagne pour la soutenir. Alors bien sûr, s’il s’agit de césarienne en urgence, cela n’est pas possible, mais dans mon cas, à défaut d’une césarienne programmée, elle était prévu la veille pour le lendemain. Cela aurait donc pu être le cas. Après, que mon hôpital (j’ai accouché dans le public) ou même le chirurgien en charge de cette opération s’y oppose, je peux bien le comprendre.
Mais dans mon cas, je suis entrée le vendredi à 16h pour la césarienne qui a eu lieu le samedi à 16h30, et pendant tout ce temps, aucun professionnel de santé n’a pu me dire si OUI ou NON mon conjoint pourrait m’accompagner. Personne n’a eu de réponse claire à me donner, et j’ai donc garder cet espoir en moi jusqu’au dernier moment. Quand on est venue me chercher tout est aller très vite, et quand j’ai passé les portes nous menant dans l’espace des blocs, mon fiancé a du rester dehors… Nous n’avons pas eu le temps d’échanger, de se donner un baiser avant que notre vie ne change complètement, et cela m’a profondément meurtrie sur le moment, et maintenant encore.
D’un moment merveilleux à vivre à deux, je me suis retrouvée en une fraction de seconde seule, dans ce lieu froid, avec tout ces gens qui s’agitaient autour de moi pour me préparer à l’opération. Je n’avais pas enlever mes bijoux, enfin ma bague de fiançailles qu’il m’avait offert le matin même, et j’ai du m’en séparer, alors que j’espérais à cet instant la garder, pour avoir une partie de lui avec moi malgré tout. J’étais seule, nue et dépouillée de tout. Au sens propre comme au figuré. Ce fut le premier de nombreux moment de solitude que j’allais rencontrer.
J’aurai aimé savoir qu’après la césarienne, on est toujours seul
Une fois l’opération finie, on va en salle de réveil, pour surveiller qu’il n’y a aucune suite de couches, que je retrouve peu à peu l’usage de mes jambes… Bref que je vais bien. Cela dur environ 2h. Tout comme l’accouchement par voie basse en fait. Une fois l’accouchement terminée, je me souviens avoir attendu environ 2h pour voir si le placenta s’évacuerai seul, et si tout allait bien. Mais à ce moment là, j’étais avec mon conjoint, et notre bébé, une fois les premiers soins effectués. C’était notre premier moment à 3, sans personne d’autre autour, et c’était merveilleux.
Pour la césarienne, je me suis retrouvée en compagnie de personnel de santé qui surveillaient mes constantes et un vieux monsieur qui sortait lui aussi d’une opération je présume. J’ai demandé si ma fille et mon fiancé pourraient me rejoindre ensuite, et la réponse fut non.
A cet instant, je savais que ma fille allait bien, mais… je ne l’avais vu que 2 min. Le temps de lui faire un bisou sur le front, faute de mieux, puisque pendant l’opération on se retrouve bras en croix, immobilisé. Je l’ai à peine aperçu sous sa couverture, et elle est partie. Sans moi. Je venais de donner la vie, et je me sentais juste seule et vide d’Elle. Et, moi qui espérais pouvoir la voir et la coller tout contre moi, j’ai du là encore attendre, seule. Je n’étais pas prête à ça non plus.
J’aurai aimé entendre que la douleur serait mon quotidien les prochains jours (semaines, mois…?)
Il y a la douleur morale, et la douleur physique. Une fois retournée en chambre, et quand les anti-douleurs s’estompe, on commence à ressentir toute la douleur de cette opération. La cicatrice fait mal, celle en superficie mais aussi celles (de l’ordre de 2) à l’intérieur. Dès que l’on tente de se redresser, se tourner sur soi-même, on a mal. Rigoler ou tousser ?! On se déchire le bide en deux. Et alors que dire des premiers pas ? Il faut bien se lever un jour, et bien c’est une vraie épreuve. Deux infirmières m’ont aidés, il fallait déjà réussir à s’asseoir sur le bord du lit, puis se redresser, poser les pieds au sol, et se soulever. Ce fut horrible de souffrance. Le fait de me lever me couper la respiration, puis impossible de me redresser, je devais marcher à petit pas. On m’a alors expliqué que plus je me ferai violence pour me lever et bouger un peu autant que possible, plus vite ça s’améliorerai. Et c’est vrai. Donc, j’ai appliqué cela, je me suis levée autant que possible, j’ai souffert, mais je suis repartie de l’hôpital au bout de 4 jours. Mais, j’avais quand même mal et cela a duré pendant 1 mois environ, avant de me sentir « mieux », presque « normale ». Pas comme avant non, mais capable de me mouvoir sans avoir toujours mal, capable de me pencher ou m’asseoir sans difficulté. Ceci dit, encore aujourd’hui à presque 4 mois, je ne me sens pas totalement remise, et j’ai d’ailleurs l’interdiction de reprendre le tennis :(
Il y a douleur morale aussi. Peut être la plus difficile à gérer. Après tout ce stress et toute la solitude rencontrée pendant et après l’opération, viens le moment enfin de retourner en chambre découvrir son bébé, le porter, le toucher, le sentir. On pourrait croire que la maternité commence enfin à ce moment là. Pour celles qui veulent allaiter, c’est le moment du premier contact, pour les autres, le premier biberon. Cela efface un peu la douleur passée. Mais, immobilisée que nous sommes, meurtries, il nous est impossible de le prendre seules, de le porter de manière confortable avec la cicatrice, on a mal en le portant et cela vient contraster ce moment de bonheur. Et surtout, on ne peut pas se lever pour aller à ses premiers changes, ses premiers soins, son premier bain. J’ai été dépouillée de ces premiers moments, et j’ai eu le sentiment que l’on me privait de me rôle de mère. Quand mon fiancé partait avec elle la changeait, ou lui faire son premier bain, j’étais heureuse pour lui, mais j’aurai du être là moi aussi. Mais je ne pouvais pas. C’était un peu comme si on m’arrachait le coeur à chaque vois, puis qu’on me le rendait à son retour. Je pouvais la voir de mon lit, et la toucher, mais pas la prendre seule alors les 2 premières nuits, je devais appeler les infirmières quand elle pleurait pour leur demander de me la donner, et m’aider à m’installer pour l’allaiter. Puis, quand elle dormait, je les rappeler pour qu’elle la remette dans son lit. Parfois, elles étaient débordées la nuit, et ne venait pas avant 10, 15 minutes. Et pendant ce temps, mon bébé pleurait dans son petit couffin de plastique. Et moi, je ne pouvais rien faire, j’avais trop mal, trop de sondes de partout, pour pouvoir l’atteindre. C’était douloureux de chagrin.
Bien sûr, dès que j’ai pu me lever, j’ai tout fait pour réussir à faire tout cela sans aide. C’était difficile et pénible mais qu’importe, je ne voulais plus dépendre des autres, j’allais la changer en me traînant doucement, lentement, avec elle dans son couffin. C’était mes petites réussites, mes petits exploits, alors que ça devait être normal. Mais ainsi, je me sentais pleinement dans mon rôle de mère, enfin. Je reprenais ma place.
Une fois rentrais, mon fiancé étant en congés, j’ai pu découvrir ma fille à mon rythme, avec son aide, mais j’étais encore dépendante de lui la nuit quand elle pleurait pour se lever, j’avais trop mal pour pouvoir sortir du lit aisément, alors il s’en chargeait. Alors ce sentiment d’inaptitude demeurait. Avec le baby blues et la chute d’hormones, il y a eu de gros moments de vide en moi, que je n’ai pas connu lors de mon 1er accouchement par voie basse.
J’aurai aimé être préparée à cette détresse émotionnelle, savoir en amont ce que j’allais vivre, et peut être en aurais-je moins souffert…
J’aurai aimé entendre que les jours suivants, on est plus sexy du tout DU TOUT
Bon là c’est un peu pour plaisanter, mais on m’avait pas dit qu’après la césarienne, en plus d’être en mode pas lavée pendant presque 48h (tu l’imagines l’odeur de fennec ?! Bah c’est pire), dans la blouse sexy de l’hôpital, sans culotte, j’allais devoir porter des bas de contention. Glamour bonjour, quand le fiancé arrivait le matin pour nous voir, je me demandais comment il arrivait encore à m’aimer avec cette allure moche et puante, et ma tête complètement défaite (et mon morale de madeleine écrasée au fond du sac à main). Bon, à priori, il est toujours là, je crois qu’il m’aime genre vraiment (et aveuglement et de manière non olfactive).
J’aurai aimé entendre que mon corps mettrai du temps à s’en remettre
Je savais que la césarienne laisserait une cicatrice à vie, logique. Chaque praticien m’a dit qu’elle était propre, net, petite. A chacun sa vision de petit je pense.
Je la trouve trop visible à mon goût, mais au delà de ça, cette dernière est toujours sensible, et la zone de mon ventre juste au-dessus également, entre gêne, petite douleur désagréable et insensibilité. A priori, cela durera jusque 1 an. La cicatrice sera alors moins visible et je ne sentirai absolument plus rien. Mais pour le moment, c’est encore un peu boursouflé, et surtout sensible au point que je ne peux pas l’oublier, et que la couture de mes petites culottes me gênent par moment quand elles sont dessus. Ce n’est pas douloureux, mais le fait de sentir la cicatrice est comme un rappel constant de la césarienne, et un rappel sur le fait que mon corps a été marqué à jamais.
Pour résumer… j’aurai aimé que l’on me dise que la césarienne me priverait de mon accouchement.
La césarienne, je l’ai subit. Je n’ai rien eu à faire pour donner la vie. On me l’a ôté. J’ai presque eu le sentiment d’être absente de la naissance de ma fille, tellement je n’y ai pas participé, l’ai à peine vue. Je n’ai pu la porter que 3h après. Je n’ai vu son petit corps tout nu et ai pu la changer et lui faire son bain que 2 jours après. Je n’ai été sa mère que 48h après sa naissance. Avant, je n’étais rien, j’étais juste celle qui avait eu un bébé dans le ventre, puis plus rien, une sorte de coquille vide. Celle a qui on l’avait arraché entre 2 sanglots. C’était un moment terrible à vivre.
Je n’arrête pas de me dire que j’aurai du m’opposer plus fermement à cette solution, que j’aurai du exiger plutôt que de demander, quand j’avais eu le choix, de faire les examens nécessaires pour ainsi, être déclenchée plus tôt comme me l’avait préconisé mon gynécologue, à J-15 avant le terme. Mais, je n’ai pas osé ce jour là fasse à la sage-femme m’opposer à son refus catégorique de mener les examens que celui-ci avait préconisés. Si je l’avais fait, si les examens avaient été plus poussé, alors peut être… mais rien ne sert de ressasser, le mal est fait.
Au lieu de ça, je me retrouve avec ces souvenirs, ce sentiment que ce moment a été gâché. Bien sur, maintenant que ma Petite Mangue est là, cela n’est plus très important. Mais ça fait partie de son histoire, de notre histoire, et se remémorer la venue au monde de nos enfants est toujours plein d’émotion. J’aurai aimé que mes émotions ne soient pas toutes un peu empruntes de tristesse et de regret.
Je pense que j’avais besoin de revenir sur cet événement, d’écrire ces mots, d’extérioriser ce moment, pour le laisser derrière et n’en garder que le meilleur. Le meilleur il est là, sous mes yeux à l’instant où je termine cet article. C’est cette petite –et la plus belle– partie de moi, ma Jolie Poupée. Cet article, je l’ai écrit pour moi, et aussi pour les autres mamans qui ont vécu ou vivront une césarienne un jour.
Si des futures mamans viennent par ici, je ne veux pas que cet article leur fasse peur, j’espère juste qu’il leur fera peut être prendre conscience de ce qu’une césarienne implique si elles ne sont pas encore bien préparées à cela. Surtout, que si le choix leur est offert, elles y réfléchiront encore un peu… Chacun est libre de ses choix et je ne juge personne, mais je pense qu’avant de prendre une telle décision, il faut être conscient de toutes les conséquences, car j’ai trop souvent lu des femmes demander une césarienne pour ne pas souffrir de l’accouchement… Mais entre souffrir quelques heures, et des mois, je m’interroge… A celles qui n’auront pas pu faire de choix et à qui la césarienne s’est imposée, je leur souhaite beaucoup de courage, cette épreuve, aussi difficile qu’elle puisse être, fera partie de votre histoire, et nous rend sûrement encore plus forte que l’on pouvait déjà l’être en devenant mère.
Cet article est peut-être un peu décousu, et sûrement plein de fautes, je m’en excuse d’avance, mais il est au final assez difficile de le relire par la suite… alors il sera un peu brut, mais sincère. Et si tu l’as lu, alors juste : merci.
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