Grandir avec le terrorisme

Grandir avec

Suite aux tragiques attentats qui ont touchés la Belgique, j’ai pris l’initiative d’en discuter, aussi simplement que possible, avec mon Mini-geek de 6 ans.

Après les attentats du 13 novembre, il avait été informé, par son école, et par sa famille, afin de pouvoir comprendre du mieux possible ce qui s’est produit, et « pourquoi ».

Sur le chemin de l’école, ce matin, nous en avons rediscuté, d’abord parce que je voulais en discuter avec lui avant qu’il n’entendent trop de choses autour de lui, et se fasse une idée mauvaise sur la situation ou ne prenne peur, ensuite parce que ce même jour, une « mise en situation » est prévue dans son école. Un peu comme une alerte incendie, les maîtres et maîtresses vont être mis à l’épreuve pour voir s’ils maîtrisent les bons « gestes » en cas d’alerte.

Je lui ai expliqué qu’en Belgique, tout comme à Paris, de méchantes personnes avaient voulu faire du mal, et avait mis des bombes qui ont blessés plusieurs personnes. Ce à quoi mon Mini-geek m’a répondu :

« Ce sont des terroristes maman ».

Des terroristes.

Le voilà, le mot, pour décrire ces méchants. Ce ne sont pas de simples méchants, ce sont des terroristes, qui veulent nous faire du mal, qui nous font peur. Et mon fils, du haut de ses 6 ans, connait ce mot, et sait l’employer.

Quand je lui ai demandé s’ils se souvenaient pourquoi ces terroristes ont fait ça, il m’a répondu calmement que « c’est parce qu’ils sont jaloux, jaloux de notre liberté, jaloux de la France qui a sa liberté, sa fraternité, et l’égalité. Ils sont jaloux parce que nous, ont à la chance, et pas eux. Alors, ils veulent nous faire du mal, et nous tuer. »

J’ai eu envie de pleurer, en l’entendant me donner cette explication, aussi simple que vrai, à laquelle il ne comprend sûrement pas la moitié de ce qu’il dit (« c’est quoi, pour toi, la fraternité ?« ) mais qu’il sait pourtant, comme une évidence, celle qui est que de nos jours, nous devons vivre avec le terrorisme, encore plus sur Paris, et lui grandir avec.

A 6 ans, je n’avais sûrement pas d’autre peur que celle du monstre sous mon lit.
A 6 ans, j’avais peur des araignées (comme c’est encore le cas), peur des insectes.
A 6 ans, j’avais peur du noir, du bruit dans le placard la nuit.
Mais à 6 ans, je n’avais pas peur du terrorisme, des bombes dans le métro, des gens armés dans la rue. Je n’avais pas peur que mon école se voit tomber dessus un avion (car oui, mon fils m’a parlé de cette éventualité, d’où qu’il faut faire un entrainement avec la maîtresse aujourd’hui, au cas où cela arriverait !).

A 6 ans, mon fils sait que dans le métro, il peut y avoir des explosions, que les policiers sont là pour nous protéger, et qu’ils peuvent mourir pour nous ; il sait qu’il existe ces jaloux, méchants, qui veulent « nous tuer » parce que nous défendons des idéaux qu’ils ne partagent pas. A 6 ans, il sait que des gens ordinaires peuvent tomber sous les balles, en allant manger au restaurant.

Cela ne l’inquiète pas pour autant, après tout, il n’a que 6 ans ; il n’a pas peur de sortir, il n’a pas peur de jouer dehors, peur le matin sur le chemin de l’école, ni dans le métro. Il n’a pas peur au quotidien, parce qu’il est trop petit, et parce qu’il apprend à vivre avec le terrorisme.

Parce qu’il grandit avec le terrorisme.

Ce n’est pas l’avenir que je voulais lui promettre, ce n’est pas le monde que je voulais lui offrir, mais c’est ce avec quoi il doit apprendre à composer, avec toutes ces éventualités que je ne connaissais pas, toutes ces angoisses que je garde loin de lui, pour moi.

J’ai beaucoup de peine, et de crainte pour l’avenir, j’ai peur pour lui, j’ai peur à chaque fois qu’il trébuche, et manque de se faire mal, mais j’essaie de ne pas avoir peur qu’il grandisse, dans ce monde, parce que lui n’a pas peur, et que je sais que c’est lui qui a raison, au fond. Alors, je garde juste mes peurs de maman pour moi, et je le regarde grandir avec la même bienveillance que chaque mère porte à son enfant.

 

J’ai des pensées et des larmes, pour toutes les victimes de ces actes, ici, et ailleurs, et également pour toutes les mamans du monde, que cette même peur parfois fait frissonner…

 

Zelle

 

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